Sommet sur l'islamophobie 22 juillet 2021 : Déclaration du Forum musulman canadien (FMC-CMF)

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À la suite de l'attentat terroriste à London-Ontario, l'agression terroriste de 2017 à Québec; les agressions violentes contre les femmes musulmanes à travers le pays ; et la vague d'incidents et de discours haineux contre les musulmans canadiens, l'islam et leurs valeurs, il est devenu extrêmement clair que l'islamophobie en tant que forme extrême de haine est une menace pour la sécurité de notre nation et pour l'harmonie de notre société canadienne.

Alors que les faits amers deviennent indéniables, l'importance du sommet sur l'islamophobie devient de plus en plus urgente. Le sommet proposé devrait offrir l'occasion d'une discussion approfondie sur la question, aux tables des parties prenantes gouvernementales, politiques et civiques avec pour objectif de conclure avec des propositions et des solutions très concrètes à court, moyen et long terme.

Points de déclaration :

- Discours haineux : Il existe une nette différence entre la liberté d'expression et le discours haineux. Le discours haineux conduit à la haine, et la liberté d'expression conduit à un enrichissement de la démocratie. Tout discours qui conduit à la violence et au sectarisme ne devrait pas relever de la raison de la liberté d'expression.

- Médias sociaux : tout en respectant la liberté d'expression, il faut des législations solides pour affirmer que les plateformes de médias sociaux ne sont pas transformées en tribunes alimentant le racisme et les préjugés. Ceux qui prêchent la haine violente doivent être identifiés et traduits en justice.

- Les idéologies d'extrême droite et fondées sur la suprématie qui conduisent à la violence doivent être combattues, car ce sont les croyances adoptées par les auteurs des agressions et agressions terroristes islamophobes violentes.

- Les lois et les règles, bien qu'au niveau provincial, ont des implications qui frappent durement les citoyens canadiens. Comme c'est preuve, la loi 21, une de ses implications claires cible les jeunes Québécoises en raison de leur choix vestimentaire et de leurs croyances. Un sondage après l'autre prouve que les implications du projet de loi 21 ont approfondi les blessures islamophobes pour tant de personnes, il invite à la haine et à la discrimination contre les musulmans canadiens principalement au Québec.

- Aborder ouvertement ce que les médias ont qualifié d'environnement islamophobe toxique au sein de certaines agences de sécurité fédérales canadiennes. Ce genre d'atmosphère a une influence très grave même sur le processus décisionnel des tribunaux, les demandeurs d'asile et le ciblage des citoyens et résidents canadiens en fonction de leurs origines religieuses et ethniques.

- Le racisme caché est l'un des défis les plus complexes qui nécessitent une approche particulière de la part des autorités pour pouvoir être abordés et traités. Le racisme caché se manifeste principalement dans l'embauche sur le marché du travail, les opportunités de carrière et l'occupation de postes plus élevés. Cela se manifeste également dans ce qui est considéré comme un double standard en ce qui concerne les musulmans canadiens en particulier.

À titre d'exemple, les impacts de l'Agence de protection de la jeunesse au Québec--bien qu'il s'agisse d'un organisme provincial--sont ressentis par les citoyens canadiens et les résidents de la province. Il y a de nombreux incidents négatifs liés à la façon dont l'Agence de protection de la jeunesse du Québec a traité les problèmes liés aux familles musulmanes, et il est largement admis que ces relations auraient été moins graves si les familles étaient non-musulmanes.

- Sécurité et sûreté des Canadiens musulmans : FMC-CMF croit que l'un des aspects les plus dangereux de l'islamophobie est la violence et la terreur dirigées contre les citoyens musulmans et leurs institutions à travers le pays. Alors que le Canada a été témoin d'un pic de tels incidents, il devient beaucoup plus urgent d'élaborer un plan d'action pour lutter contre un phénomène aussi alarmant avant qu'il ne devienne incontrôlable et ne fasse plus de victimes parmi les Canadiens innocents.

- L'un des récits positifs face à l'islamophobie pourrait être de reconnaître clairement la contribution des musulmans canadiens dans la société en général et à tous les niveaux sociaux, économiques et politiques.

- Les femmes sont les victimes les plus visibles de l'idéologie islamophobie et des éléments populistes extrêmes de la société. Ouvrir des opportunités aux femmes musulmanes canadiennes dans des postes clés est un autre élément qui envoie un message clair que tous les Canadiens sont égaux et tous peuvent se joindre aux efforts visant à faire du Canada un pays multiculturel.

Des infrastructures concrètes pour lutter contre l'islamophobie ont été mises en place de manière tangible au cours des dernières années, à commencer par l'adoption de la pétition e-411 qui a conduit à la fois à la condamnation de l'islamophobie à deux reprises à la Chambre, et par conséquent à la motion privée M103, et ses recommandations.  Par ailleurs est venue l'esquisse de la définition de l'islamophobie par le ministère fédéral du Patrimoine, et la désignation du 29 janvier comme journée d'action contre l'islamophobie.

Une volonté politique sincère, des politiques et des règles claires et une coopération avec les sociétés et les communautés civiques peuvent nous rapprocher tous, en tant que Canadiens, de la réduction de l'impact de la haine, du racisme et du sectarisme au Canada.

Le FMC-CMF attend avec impatience le sommet sur l'islamophobie et les plans concluants sur la façon de traiter le sujet en temps opportun à tous les niveaux d'influence dans la société canadienne.

Samer Majzoub, président.

Initiateur de la pétition e-411, reconnaissance et condamnation de toutes les formes d'islamophobie au Canada.

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